Si vous n’avez pas pu assister à notre dernier webinar avec Matthieu Olivier, Strategy Director chez Saagie et Magali Noé, Chief Digital Officer spécialisée dans le secteur assurance & Actuariat, voici ce qu’il fallait retenir.
Aujourd’hui, quels sont les challenges pour les assureurs ?
Plusieurs challenges sont à prévoir dans le secteur assurantiel. D’une part, les interconnexions, c’est-à-dire, comment interconnecter toutes les bribes de l’organisation autour des sujets data. D’autre part, les cyber risques ont fait leur apparition au cours des dernières années et la question est de savoir quelles solutions proposer face à ce risque difficile à anticiper.
1. Interconnexions
Selon Magali Noé, les challenges d’interconnexion se situent à deux niveaux : au niveau de l’organisation et au niveau des techniques.
- Au niveau de l’organisation : pour devenir une entreprise data-driven, il faut que tous les collaborateurs soient concernés. Il faut donc instaurer une culture data et même une culture du partage des données. Les dirigeants ont un rôle d’exemplarité à jouer puisqu’ils doivent être à l’initiative d’un changement de mentalité et instaurer de nouvelles habitudes de partage de la donnée.
- Au niveau des techniques : l’intégration des outils et technologies au sein des processus pour développer des cas d’usage et industrialiser. La Blockchain, le Machine Learning et le Deep Learning sont par exemple des outils clés pour la digitalisation des assurances.
On peut imaginer des interactions entre les différentes structures d’analyse data.
2. Cyber risques
Pour les assureurs, les cyber risques représentent à la fois un moteur et un frein. Les produits d’assurances font souvent face aux cyber risques. L’enjeu majeur est de former les différents métiers (Management, support, audit, …) afin de répondre à ces risques de manière efficace. Avoir un bon RSSI est essentiel, pour lutter contre les cyber menaces et encourager le personnel à se protéger également des risques économiques par le biais de formations.
Côté client, notre rôle d’assureur est de faire de la prévention auprès des usagers, ainsi que proposer des solutions adéquates face à ce nouveau risque. Pour cela, le recrutement de métiers de la cyberdéfense est essentiel pour former les métiers et les usagers.
La data au service de l’innovation
Le digital et la data sont des leviers d’innovation importants pour les secteurs de l’assurance. L’expérience client est donc l’un des enjeux majeurs pour le secteur banque-assurance. Le constat est que les clients sont multi canaux (online et offline), on peut s’inspirer du e-commerce avec le système O to O (Online to Offline) afin de proposer des services qui permettront d’accompagner au mieux les clients dans leurs choix.
L’autonomie client est également indispensable (surtout aujourd’hui !). En général, le client souscrit à une assurance et les agents espèrent qu’il n’ait pas trop recours à son assurance pour des raisons de coûts. L’objectif est de rendre le client curieux et conscient de son offre, et que grâce à la data, il puisse la moduler à souhait, selon son utilisation, pour devenir rendre autonome, avec un accompagnement de fond.
Enfin, avoir une approche produit data et non plus projet data permettra d’être plus efficace, et de servir des objectifs commerciaux de long terme.
Data et éthique : Construire son produit mais jusqu'à où ?
1. La data et la discrimination
Aujourd’hui, les méthodes de Pricing to one sont très répandues dans le secteur des assurances, afin de personnaliser au mieux les offres clients. Cependant, un client avec un malus aurait un désavantage considérable comparé à un autre. Il faut donc porter une attention particulière aux mécanismes d’exclusion liés aux données individuelles.
En matière d’éthique, il faut toujours trouver un compromis, et les cadres ont leur rôle à jouer. Les dirigeants doivent se demander jusqu’où ils sont prêts à aller. Doivent-ils s’aligner avec leurs principes moraux ou privilégier les résultats financiers ? Aujourd’hui nous pouvons parler d’Ethique washing. L’éthique est un sujet qui doit également être porté par les collaborateurs. En effet, nous avons vu naître au sein d’entreprise des comités ou syndicats d’éthique. C’est notamment le cas aux Etat-Unis, plus particulièrement chez Google (ex. Timnit Gebru).
Par ailleurs, une mission de l’Etat pour lutter contre les fake news a récemment été créé. Dans un pays non démocratique, ce type de procédé pourrait être utilisé pour fermer tout accès à l’information.
Il y a donc une réflexion nécessaire à porter sur les questions éthiques et tout particulièrement dans le secteur de l’assurance pour éviter les discriminations liées aux malus ou encore à des catégories de personnes.
2. La data et l'écologie
Une autre dimension à intégrer en matière d’éthique est bien évidemment la dimension écologique, en effet, les données et le traitement de ces dernières consomment beaucoup d’énergie et d’eau.
Dans le numérique, il est important d’avoir un regard systématique du cycle complet de la donnée pour comprendre l’empreinte écologique des actions que nous menons. Des réflexions importantes sont en cours sur la frugalité de l’IA, permettant ainsi de traiter du langage avec une force de calcul réduite.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il faut une quantité d’eau considérable pour refroidir les data centers. Cet indicateur est également indispensable dans une réflexion de réduction de l’empreinte écologique.
Conclusion :
La data est un enjeu transverse à l’entreprise dans sa transformation globale. Il s’agit de compter et conter, il faut pouvoir raconter son produit, l’illustrer.
Les assureurs savent bien évidemment compter, mais l’enjeu est désormais de savoir lire et interpréter les données pour mieux servir les clients en fonction des moments de vie.
Ces nouvelles narrations pousseront les assureurs à davantage mettre, au côté des éléments financiers et de productivité, la valorisation des aspects humain et environnement !
Son parcours professionnel s’est déroulé dans les Groupes Caisses d’Epargne et CNP Assurances. Elle a également fondé et dirigé des plateformes d’offres en ligne et un fonds d’investissement fintech/insurtech.
Finalement, Magali Noé intègre le Top 50 2020 de Forbes des CMO les plus influents au monde.
Statisticien public issue de l’ENSAI, Matthieu OLIVIER a occupé divers postes en administration public pendant 10 ans, notamment au sein de Pôle Emploi dont il a dirigé le programme data. Il est aujourd’hui à la direction stratégique de Saagie.