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Qui est le Chief Data Officer et que fait-il ?

A l’occasion de son dernier ouvrage co-écrit avec Alain Yen-Pon, Gilbert Ton, CDO d’expérience, nous livre ses secrets sur la fonction de Chief Data Officer. Qui est-il ? Quelle est sa mission ? Vous saurez tout sur ce métier à la fois récent et en constante évolution. La mission du Chief Data Officer est de concevoir la stratégie data de l’entreprise : garantir la qualité de la donnée et créer de la valeur à partir de celles-ci. 

Le livre Chief Data Officer, Pratiques outils et perspectives est le premier livre en français sur ce métier. A travers ce métier, nous démontrons l’importance croissante des données au sein des organisations, et pourquoi cette fonction est désormais essentielle dans l’entreprise. Nous y livrons également les bonnes pratiques et méthodes basées sur nos expériences personnelles, et également des rencontres auprès de 26 Chief Data Officers ou professionnels de la Data expérimentés pour aider les Chief Data Officers nouvellement nommés dans leurs missions.

Qui est le CDO et où peut-on le trouver ?

Il n’y a pas un CDO mais DES CDO. C’est un métier à multiples facettes. Il est à la fois stratège, chef d’orchestre, bâtisseur, évangéliste, et plus encore… Ils peuvent provenir de la DSI, des maîtrises d’ouvrage ou des métiers (marketing, risque, conformité), selon l’organisation dans laquelle ils travaillent. D’autres viennent également de la stratégie et de la communication. 

Ce qui est certain, c’est qu’ils doivent avoir une connaissance importante des métiers de leurs entreprises et une capacité de communication et de pédagogie suffisante pour parvenir à embarquer les collaborateurs dans la transformation de l’entreprise. 

Qu'est-ce qu'une stratégie data ?

On peut considérer les données à deux niveaux. Les données peuvent représenter un actif, une ressource permettant de créer de la valeur. Mais les données peuvent également être considérées en passif, une dette technique qui s’accumule au fil des ans et s’avère être un fardeau pour les entreprises.  

La stratégie data est donc le bon mix entre une stratégie défensive qui vise à garantir la qualité des données, et une stratégie offensive, qui est de créer de la valeur. Cet équilibre est défini en fonction du niveau de maturité data de l’entreprise et de sa stratégie globale. Cette stratégie est mise en place à travers le choix de technologies et d’architecture, la mise en place d’une gouvernance, une qualité des données élevée, le développement de cas d’usages ou encore l’acculturation data de l’entreprise…

Que fait le Chief Data Officer ?

La fonction du CDO est d’élaborer la stratégie data de l’entreprise. Les missions du métier de CDO varient beaucoup selon le niveau de maturité data de l’entreprise. Quelle que soit la situation, le Chief Data Officer doit mobiliser tous les moyens possibles pour permettre à ses équipes de trouver les données, de les traiter et de les utiliser en toute confiance pour en créer de la valeur. Les actions du Chief Data Officer sont donc nombreuses, par exemple, mettre en place la gouvernance et la gestion des données, bâtir un socle technologique pour exploiter les données (data lake, plateforme data science…), accompagner les collaborateurs dans la création de la valeur des données en développant des cas d’usage, démocratiser la data dans son entreprise…

Toutes les entreprises ont-elles des CDOs ? Pourquoi ?

Aujourd’hui, la plupart des grandes entreprises ont des CDOs. Toutefois, on constate à de nombreuses reprises la présence d’un profil ayant les mêmes missions, ou une grande partie des missions mais sous une autre appellation. Là encore, cela dépend du niveau de la maturité data de l’entreprise concernée. Néanmoins, une grande majorité des entreprises est désormais convaincue par l’apport potentiel des données. Et je suis convaincu qu’en parcourant notre livre, leurs dirigeants seront confortés dans leur réflexion de se doter d’une telle fonction dans leur organisation.

Quel est le plus gros challenges des Chief Data Officers aujourd'hui ?

Comme tout chantier de transformation, la transformation data n’échappe pas à la règle. C’est d’abord une question d’organisation et de culture. A mon sens, le plus gros challenge du CDO est d’embarquer l’ensemble de son entreprise dans la transformation data. Cette transformation a souvent des impacts importants dans les organisations, et dans l’état d’esprit des collaborateurs. Parfois, c’est toute une culture d’entreprise à faire évoluer, donc il n’est pas étonnant qu’il existe une certaine résistance. Le plus essentiel est de trouver cet équilibre entre les stratégies défensives et offensives. 

De quels profils a t-il la responsabilité ?

On retrouve tous les métiers autour de la gouvernance, la gestion des données, la manière d’analyser la donnée (data engineer, data scientist, data steward…). Les nouveaux profils émergents au sein de ces équipes peuvent correspondre à  des “chief ethic officers” pour garantir l’éthique des algorithmes, de la qualité de la donnée. 

Comment la crise sanitaire impacte son travail ?

Le CDO doit avant tout faire face à un challenge d’ordre managérial, puisqu’il a un data office à gérer. Il va devoir le gérer à distance. De plus, par nature, le data office travaille de manière transversale, avec les métiers et avec la DSI, ce qui implique une adaptation du mode de travail de l’ensemble de l’entreprise. Mais cette adaptation n’est pas propre à l’univers de la data, tous les métiers doivent s’adapter.

Parallèlement, nous sommes témoins d’une réelle prise de conscience des entreprises quant au rôle essentiel du numérique. Même si cet éveil avait déjà été amorcé ces dernières années, la crise n’a fait que confirmer cette tendance, et en accélérer le processus de transformation.

Comment voyez-vous le secteur de la data évoluer dans les prochaines années ?

Aujourd’hui, il est clair que la data est une piste de plus en plus présente dans les stratégies de développement des entreprises. Depuis son apparition il y a cinq ans, la fonction de CDO a bien évolué et prend une dimension stratégique croissante. Pourtant, encore beaucoup d’entreprises sont hésitantes quant à la marche à suivre dans la création d’un data office. D’autres fonctions font leur émergence : celles de Chief Digital Officer ou encore de Chief AI Officer. Il faudra œuvrer pour que le chevauchement de ces métiers ne soit pas néfaste pour l’entreprise. 

Je pense que le data office va être renforcé, allant jusqu’à y inclure les équipes de maintenance, de déploiement et de production des applications métier, une sorte d’ « IT de proximité » pour les métiers. Ou alors, il peut devenir un centre d’excellence, avec un pool d’experts de la donnée, pour mener à bien les cas d’usages et les injecter ensuite dans les métiers. Par ailleurs, avec les ambitions de la Commission Européenne sur les données, le rôle du CDO va être encore renforcé en incluant la dimension éthique et la construction des espaces européens de partage de données.

Non seulement la data prend une part croissante dans la vie des entreprises, ce sera également le cas dans la vie des citoyens. La question de la protection du citoyen va être abordée de manière plus systématique.

Quels conseils adressez-vous aux Chief Data Officers ?

Cela dépend de l’avancement de leurs travaux, mais au démarrage, il est fondamental de faire un bon diagnostic data de l’entreprise, bien évaluer sa maturité data, et le positionnement de son data office. Il faut savoir d’où partir, pour arriver à mesurer les progressions. Ne pas vouloir construire une équipe centralisée à tout prix, car cela dépend essentiellement des organisations. Il est important d’être proche des métiers, car la valeur vient d’eux à travers les cas d’usage.

Il faut choisir ses batailles, car on ne peut pas tout faire en même temps. Il faut donc bien positionner le curseur au niveau du bon mix stratégie défensive versus stratégie offensive, pour arriver à embarquer et responsabiliser le plus de collaborateurs dès que possible. Il faut prouver rapidement la création de valeur avec les données, et communiquer rapidement les résultats.

Par la suite, il est nécessaire de s’appuyer sur la DSI et la DRH pour le développement de l’activité, car la DSI est la pierre angulaire pour mener les projets en production, et la DRH est indispensable pour accompagner les collaborateurs dans la montée en compétence data.

A propos de l'invité
Gilbert Ton

Gilbert TON évolue dans le domaine de la data depuis plus de vingt ans. Il a d’abord travaillé au sein de grands groupes bancaires et d’assurances, avant de créer sa structure pour accompagner les entreprises, notamment les Chief Data Officers, dans leurs programmes de valorisation de données.